Parfois j'ai envie de m'énerver comme ca, pour le plaisir de sentir l'adrénaline monter. Casser quelque chose. D'ailleurs si un jour je deviens une rock star, ce qui est peu probable, je demanderai une maison meublée, où je serai autorisé à tout casser à coup de batte de base ball. La batte de base ball est un élément important car si on la remplaçait par une tronçonneuse, ce serait beaucoup moins défoulant.
Imaginez ce plaisir de sentir les choses se briser sous la puissance de vos coups! Que tout parte en éclats! Mais bon, comme je l'ai dit juste avant, je ne suis pas une rock star, et je pourrais surement pas rentrer dans l'armée avec un discours pareil. Peu importe. Revenons à la réalité : mon exutoire actuel c'est le tennis de table.
J'entends à l'instant même les rires intérieurs de certains d'entre vous se mêler à la musique de mes écouteurs. Je ne deconne pas. Laissez moi vous convaincre en vous racontant un match récent ' qui défoule ' : un adversaire balourd, renfrogné, la quarantaine, qui sent qu'il va se faire chier face à moi. Ce qui est logique car sur papier, je suis largement moins bien classé que lui : mais je jubile à l'idée de cacher que j'avais 3 classements au dessus de lui avant d'arreter les competitions officiels et continuer a m'entrainer régulierement depuis 3 ans.
Je sens que le bonheur est proche. "On s'echauffe? On fait quelques balles?" lui dis je en essayant d'imiter le regard d'un yorkshire s'appretant a subir les sevices d'un bulldog ( d'ailleurs, le gars me faisait penser à un bulldog). Bien sur en 10 ans de pratique j'avais tout de suite vu que ce mec était du genre à se la péter pendant l'échauffement pour mesurer le niveau de l'adversaire, donc tout naturellement, je me suis simplement forçé a répondre a ses attentes en jetant quasiment toutes les balles dans le filet, ou dehors.
J'atteins l'apogée de ce pré-match en m'énervant furieusement contre ma raquette, en la jetant par terre, en tapant du pied : grandiose! Il a du jamais voir un joueur s'énerver avant meme de commencer le match lui même. J'essayais mentalement de me rappeler ces vidéos que j'avais vu sur Abrutis.com de MacEnroe, dans lesquelles il faisait une démonstration d'enervement extreme.
Ca y est il est à point, il est chaud, comme on dit dans le jargon. Dans son esprit il va gagner pour plusieurs raisons : je suis beaucoup moins bien classé, je suis énervé donc risque de faire n'importe quoi. Parfait. Avant tout de chose, il faudra bien noter que mon jeu s'est bien affiné au cours du temps et on me reduit tres justement en ma qualité de "serveur". Mes services sont ignobles pour l'adversaire. D'entrée de jeu je lui fait le top du top, ma spécialité, mon coup spécial, et plus il la met dehors, plus il s'enerve, et quand bien meme il la renvoie, celle ci est idéale pour moi pour une frappe odieuse.
Ce moment est la clé de mon bonheur dans le tennis de table, une montée d'adrénaline sans pareil, plus qu'une simple frappe, c'est écraser la balle contre la table, c'est la volonté de la faire voler en éclats ou de la faire rentrer dans une autre dimension, de l'exploser contre le mur derriere ou exagérément modifier son intégrité physique. mais c'est aussi la possibilité de penser à quelque chose, un sentiment ou quelqu'un qui me révolte, et des visions me traversent l'esprit à ce moment là. Bien sur une telle déconvenue énerve l'adversaire, combiné à un sentiment imprévu d'inferiorité absolu.
Il manquait plus qu'une chose pour qu'il s'énerve : la chance. Et je l'avais. quasi systématiquement, le filet frolait la trajectoire de la balle et la modifiait à mon avantage. Une nouvelle étape est franchie : sa raquette qui vole, il profere des insultes à l'encontre d'un etre imaginaire vivant dans les cieux, s'insulte lui même, frappe la balle de toute ses forces contre le mur. Et moi impassible car je réprime ce sourire sadique, heureux de me défouler à coeur jouasse, et je m'excuse à tous mes coups de pute.
Mes frappes s'intensifient, les échanges ne pouvaient pouvaient pas être plus courts. A peine avait-il servi qu'il se mangeait un insolent boulet de canon derrière. Ses joues et ses oreilles rougissent, tout le monde se tait. "Que la chance soit encore avec moi. Plus qu'un effort. Faites qu'on se fritte, Faites qu'on se tape dessus, faites que je puisse lui carrer ma raquette en travers sa gueule et que je puisse lui sculpter le visage a coup de pieds" pensai - je. J'imaginais deja la scene au ralenti ou mon poing viendrait s'écraser contre sa joue - comme dans les films - , j'étais tout excité.
Surprise! Mon adversaire, accidentellement ou pas, claque une balle en direction de mon visage : d'un reflexe de la main je l'arrete net. Mon visage change de suite. Je le regarde avec de grands yeux ouverts, droit dans les yeux. Et je sers. comme à son habitude la balle revient haute. Et je fais la plus belle frappe de toute ma vie, tellement forte qu'elle déstabilise mon équilibre, et la balle finit sa course dans le bide du gars en face. Ca a fait le bruit d'un petit pétard.
L'arbitre ( un joueur de l'équipe adverse ) marqua un temps de pause. "Point pour moi, elle a touché la table" lui dis je tout simplement. Un sourire commence à naitre dans un coin de ma bouche et manque de peau, mon adversaire le voit. Bon je suis peut etre allé un peu loin cette fois ci. C'est pas grave, j'ai une technique infaillible aussi pour calmer le jeu. Alors je termine le match 11-1, 11-2,11-4 . Je lui serre la main de mes deux mains et le regarde sincerement en lui disaint : " Vraiment, je suis désolé, j'ai eu beaucoup trop de chance, je voulais pas vous énerver".
Et inévitablement, face à un regard de yorkshire, le molosse fond : " c'est pas grave c'est le jeu".
Finalement, je passe quand meme pour un beau connard hypocrite, mais bon, vraiment, il y a des moments ou ca a du bon de vouloir tout casser.
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Quelle idée aussi de choisir le mardi comme journée de repos pour tous les musées et expositions. Bon, j'avoue, en même temps j'aurai pu me renseigner avant.
Twitter / sanh
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